Livres en français
Livres en français:
1.Diagnostic expérimental
des Pulsions. Traduit par: Ruth Bejarano-Pruschy, Presses Universitaires
de France, Paris, 1er édit. 1952, 2e édit. 1973.
2. Liberté et contrainte dans
le destin des individus. Traduit par Claude van Reeth.
Desclée de Brouwer, 1975.
3. INTRODUCTION AU TEST DE SZONDI.
Deri Susan. Traduit de l'anglais,
De Boeck-Wesmael, s.a. 1991
203, avenue Louise - B-1050 Bruxelles.
Tel xx 32 (0) 2640 7272
Introduction et notes de Jean Mélon.
89 08 02 et de L. Szondi:
Susan DERI (1916-1983) a été,
de 1937 å 1940 date où elle émigre aux Etats-Unis,
la plus active et la plus brillante collaboratrice de Léopold
SZONDI (1893-1986). La valeur, comme on sait, n'attend pas le
nombre des années.
Nous ne savons pas exactement quand
SZONDI découvrit - en rêve!- son schéma pulsionnel,
mais il est à peu prés certain que, des 1937, le
test était définitivement constitué dans
sa version actuelle, et son application. clinique commençait.
La recherche inédite à
laquelle Susan DERI fait souvent allusion dans son livre, et qui
compare les profils de 54 sujets «créatifs» dont
la plupart étaient des écrivains, musiciens, sculpteurs
et peintres connus de Budapest, ce travail fut terminé
en 1939, comme l'attestent les notes manuscrites confiées
au. Archives SZONDI quelques semaines avant sa mort survenue à
New York, le 16 février 1983.
Bien que le test ne fut publié
officiellement qu'en 1947, chez Hans HUBER å Bern et, en
même temps que la première édition du «Traité
du diagnostic expérimental des pulsions» (Lehrbuch
der experimentellen Triebdiagnostik), des articles sur le test
de Szondi avaient déjà paru dans des revues américaines,
le premier à notre connaissance étant celui du hongrois
d'origine David RAPAPORT (The Szondi test, Bulletin of the Menninger
Clinic, 1941, 5, 33-39), le second, de Susan DERI (Description
of the Szondi test : a projective technique for psychological
diagnosis, American Psychologist, 1946,1, 286).
Entre-temps, Susan DERI avait obtenu
son «Master,» en défendant une thèse á
la State University of Iowa, en 1943, intitulée : «Le
test de Szondi et son application dans l'investigation de patients
déprimés, avant et après électrochoc».
Dans le même temps, son mari Otto DERI faisait également
un travail de doctorat où il comparait, sur la base du
test de Szondi, des musiciens «légers» et des
musiciens «classiques».
De source sure on sait que David
RAPAPORT préparait un ouvrage important sur SZONDI. Sa
mort prématurée devait empêcher ce projet
d'aboutir.
Quoi qu'il en soit, Susan DERI fut
la première - et la dernière jusqu'aujourd'hui -
à publier un ouvrage important sur Szondi en langue anglaise.
Connaissant les orientations de David
RAPAPORT, l'audience qu'il avait conquise rapidement au Etats-Unis
et la haute valeur scientifique de ses écrits, on peut
imaginer que s'il avait mené à bien son projet,
le sort universitaire du SZONDI en eut été changé
du tout au tout.
Mais d'être resté dans
les limbes académiques, >le< Szondi se porte-t-il
plus mal aujourd'hui ? En dépit du peu de bruit que font
les Szondiens de par le monde, le test continue d'être largement
pratiqué. Chez ceux qui lui restent indéfectiblement
fidèles, l'influence occulte de Susan DERI est souvent
patente. Nombre de ceux-là que le dogmatisme de Szondi
avait pu rebuter, ont trouvé chez Susan DERI une forme
de second souffle. C'est que, nonobstant son jeune âge,
elle témoigne de qualités exceptionnelles, sur le
plan clinique comme au plan théorique.
Débarquant au Etats-Unis à
l'âge de 24 ans, armée de son Ph.D. en Psychologie
Médicale de l'Université de Budapest, et d'une formation
psychanalytique déjà bien entamée auprès
de Szondi, Hermann et Balint - ces gens là ne pensaient
pas qu'il fallait avoir franchi la «middle-life crisis»
pour être confirmé dans la profession - Susan DERI
consolide son statut universitaire en même temps qu'elle
perce dans les milieux psychanalytiques, de New York. Sans jamais
faire partie de l'Association Psychanalytique Internationale,
puisqu'elle est psychologue et que, comme on sait, la toute puissante
Association Américaine de Psychanalyse, veille jalousement
à ce que les non médecins soient exclus du cénacle.
Comme pour tous les psychanalystes
non médecins fuyant l'Europe à la fin des années
30, son combat en vue de se faire une place au soleil ne fut guère
facile. Mais elle était de ceux qui relèvent promptement
les défis.
l1 est certain qu'elle a dû
faire un immense travail pour traduire le langage szondienne
en termes acceptables pour un clinicien nord-américain,
allergique au grandes envolées théoriques autant
qu'épris de bon sens commun, de positivisme naïf et
de pragmatisme. De cet affrontement résulte le travail
qu'on va lire.
Malgré qu'elle s'en défende
d'emblée, refusant d'accorder, à chaque signe szondien
une signification univoque, Susan DERI ne peut pas - et ne veut
pas - éviter complètement le piège qui lui
est tendu. Le reproche est souvent fait au Szondiens d'exploiter
l'ambiguïté, et il est vrai que l'instrument invite
à cultiver la réponse "normande". L'interprétation
«dialectique» va évidement à l'encontre
du souci de produire une diagnostic «positif», mais
il est bien clair que cette dernière exigence ne peut être
indéfiniment contournée.
Susan DERI s'efforce constamment
de remonter la pente où entraîne naturellement la
pratique d'un test construit sur une base et selon des principes
éminemment dialectiques. Elle y réussit admirablement,
au prix d'un radicalisme théorique toujours à la
limite de l'impossible pour un esprit aussi sensible au infinies
nuances de la clinique psychanalytique.
Aussi prend-elle souvent le risque
d'être péremptoire dans ses affirmations, optant
résolument pour un style assertif.
Laissons au praticiens chevronnés
le soin de mitiger quelques unes de ses formulations par trop
catégoriques. En dresser la liste ne serait pas difficile
mais cela nous entraînerait à déborder le
cadre d'un simple avant-propos.
N'oublions, pas d'ailleurs que Susan
DERI intitule modestement son ouvrage «lntroduction».
Elle n'avait ni le souhait ni le goût d'écrire un
traité. Elle a pleinement accompli le dessein qu'elle
s'était fixé.
Bien qu'elle ne propose aucun schème
interprétatif particulier, Susan DERI énonce chemin
faisant toutes les règles, auxquelles obéit nécessairement
l'interprétation raisonnée du test.
Je crois utile d'en présenter
ici un résumé que j'espére fidéle.
Ces RÈGLES sont, dans l'ordre, les suivantes:
1. Aucun signe ne peut être
interprété sans tenir compte de tous les autres.
2. Un signe isolé ne peut
recevoir de signification que dans un temps second, le premier
temps, respondant à l'établissement d'un diagnostic
de structure.
3. Le diagnostic de structure ne
peut ignorer ni l'âge du sujet, ni son statut socio-culturel,
l'un et l'autre de ces facteurs excercant une influence déterminante
sur l'organisation de ladite structure. Cédant au pragmatisme
ambiant, Susan DERI nomme quatre grandes structures: normale (sublimée,
ou simplement adaptée), névrotique (hystérique
ou obsessionnelle, narcissique ou objectale), psychotique (schizophrénique,
maniaco-mélancolique ou épileptoide) et antisociale
(vagabonde ou criminelle).
4. Le plus grand compte doit être
tenu de la rigidité ou de la mobilité dans la succession
des profils, l'optimum correspondant à une plasticité
de bon aloi, le plus péjoratif à une variabilité
ou une stéréotypie excessives. De quo il résulte
qu'aucun diagnostic sérieux ne peut étre posé
sans référence à un nombre suffisant de profils,
le chiffre 10 prôné par SZONDI, valant comme norme
minimale.
5. Lorsque ces caractéristiques
globales ont été fermement établies, on peut
amorcer l'analyse détaillée, par vecteur en commencent
par le plus pathologique, lequel se signale par
a) la plus grande charge ou la plus
grande vidange,
b) par le plus haut degré
de désintrication pulsionnelle: uni tendances, chargées,
clivage, diagonaux, renversements en miroir.
6. Enfin, le diagnostic «comportemental»
- que révèle souvent le premier profil - doit s'articuler
avec, le diagnostic «structural» qui fait intervenir
les quatre points de vue promus par la clinique psychanalytique:
- topique (balance entre les vecteurs
CS-PCS et ICS),
- dynamique (intrication/désintrication),
- économique répartition
des charges) et génétique (degré d'évolution
maturative).
Dans son introduction SZONDI a bien
pointé ce qui fait l'originalité - et le charme
- de Susan DERI: elle a traité chaque facteur comme s'il
s'agissait de sujets humains, concrets, si intimement compris
par elle qu'ils en sont devenus étrangement familiers.
Cette compréhension quasi immédiate l'autorise à
élaborer une théorie d'une haute valeur phénoménale-existentielle.
Pour terminer, nous signalerons encore
que l'analyse du "moi" élaborée ici annonce
les développements théoriques produits par SCHOTTE
en 1975 sous l'appellation de «théorie des circuits
personnels».
Je laisse au lecteur le plaisir de
découvrir en Susan DERI un auteur extraordinaire-vivant
capable de bousculer, pour le plus grand bien de tout clinicien,
quelques certitudes dogmatiques et de dépoussiérer
quelques concepts.
Jean Moulin.
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Introduction de L. Szondi:
Mon élève et ancienne
collaboratrice Susan DERI, intitule modestement son livre «lntroduction».
Son contenu prouve cependant que cet ouvrage va au-delà
d'une simple introduction. A trois points de vue différents,
c'est un complément absolument nécessaire et magnifiquement
réalisé pour l'élaboration de mon livre intitulé
"Diagnostic expérimental des pulsions"
Tout d'abord, Mme DERI a réussi
à présenter le processus de pensée dynamique
qui préside à l´ interprétation du test.
Ni moi-même, ni aucun de mes collaborateurs n'y avions
réussi.
Deuxièmement l'auteur complète
le Triebdiagnostik par une présentation complète
et vivante des huit facteurs de mon système pulsionnel.
Quand Mme DERI me rendit visite récemment
á Zurich me lut 1es chapitres de son livre qui traitent
de facteurs de comportement, je vis clairement ce que moi-même
avais omis dans mon livre. Depuis la toute première minute
de la naissance du système des pulsions jusqu'à
la dernière mise au point du diagnostic pulsionnel, Mme
DERI participa personnellement á tous mes soucis et mes
enthousiasmes. Elle connut les tribulations de la recherche jusqu'à
ce que finalement et laborieusement la bonne voie soit trouvée.
C'est seulement grâce å
son expérience personnel, que Mme DERI pouvait comprendre
si profondément les huit facteurs pulsionnels. Elle assimila
le concept comme si les huit facteurs étaient réellement
huit êtres vivants auxquels elle serait liée à
jamais par des liens d'amitié.
En troisième lieu, elle prit
sur elle la tâche importante de faire comprendre au psychologues
américains l'aspect fondamentalement original de l'européenne
"Seelenkunde". Nous, Européens, poursuivons
encore une forme «épique» de la psychologie,
telle que nous l'avons apprise de DOSTOYEWSKY et de FREUD.
L'histoire de 1'åme d'un
homme est encore pour nous une histoire héroïque que
nous aimons raconter, patiemment en longues phrases. Cette forme
de présentation épique n'est pas adaptée
au rhytme de la pensée américaine. Dés lors,
une livre comme celui de Mme DERI m'apparaît indispensable
pour combler les différences entre un raisonnement et la
présentation d'un cas.
Les psychologues qui, en Amérique,
travaillent dans le sens d'une nouvelle conception du diagnostic
psychologique profond apprécieront et bénéficieront,
je l'espère, de la sincérité des efforts
scientifiques et de l'extraordinaire facilité de cette
pédagogue née qu'est Susan DERI.
L. SZONDI
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